Home > hebergement > Visite d’une maison d’accueil maternel à Pékin

Nous avons appris par des amis l’existence d’une maison d’accueil maternel « non-officielle » à Pékin.  «Non-officielle» parce qu’en Chine, une «  autorisation préalable à la naissance est nécessaire », ce qui est très difficile à obtenir pour une mère célibataire et qui rend son avenir familial et professionnel incertain.

D’après Isabelle Attané dans « La fin de l’enfant unique en Chine ? »,  « en octobre 2015, les autorités chinoises annonçaient l’abandon de la politique de l’enfant unique. La nouvelle politique, mise en place dans l’espoir de ralentir le vieillissement mais aussi de remédier au déséquilibre des sexes à la naissance, permet désormais à chaque couple d’avoir deux enfants. Une autorisation préalable à la naissance d’un enfant, délivrée par les bureaux de planning familial, reste cependant nécessaire. »*

Un membre de l’association s’est rendu à Pékin au printemps 2016 à titre personnel. Et si la Maison de Marthe et Marie rendait visite à cette maison d’accueil ?!

Accueil maternel Pékin

femme enceinte Pékin

maison d'accueil maternel Chine

 

Récit d’une visite émouvante :

« Pékin, je prends le bus depuis le centre. Je parviens à joindre la responsable, Kimi, par sms et téléphone pour la prévenir de mon arrivée. Une heure plus tard environ (beaucoup d’embouteillages à cette heure de sortie de bureau) je descends à l’arrêt indiqué.

Mei m’attend. Surprise: elle parle bien français! Elle est enceinte de 7 mois. C’est aujourd’hui son dernier jour de travail: elle fait du ménage dans une famille européenne. Mei n’est pas mariée. C’est une honte pour elle en Chine d’attendre un enfant sans être mariée. Sa famille n’est pas au courant de sa grossesse. Mei a 36 ans. Elle vient d’être accueillie dans cette maison d’accueil. Mei semble ne pas savoir si elle confiera son bébé à l’adoption. C’est très difficile en Chine d’être une mère célibataire et elle pourrait ne pas retrouver de travail, puis un mari…

Nous nous perdons dans une cité où tous les immeubles se ressemblent. Puis nous montons au dernier étage d’un bâtiment. Kimi nous accueille! Mei m’offre un thé puis je suis Kimi pour une visite de ce petit appartement sur deux étages! Les mamans partagent des chambres à deux. La cuisine est assez petite aussi: les mamans y cuisinent à tour de rôle pour elles toutes. Kimi vit sur place. En ce moment, 7 mamans sont accueillies. Un petit garçon de 18 mois est au milieu d’elles. Un deuxième appartement dans un immeuble un peu plus loin permet aux mamans qui ne confient pas leur bébé à l’adoption de rester avec lui jusqu’au trois ans de leur enfant environ. Il pourra alors aller dans une « pré-école », et sa maman retravailler.

Kimi me reçoit pour un long échange en anglais dans son bureau, bien rempli! Kimi m’explique les difficultés rencontrées pour faire vivre cette maison et elle raconte sa joie de la voir toujours ouverte. Une à deux fois par an la police vient visiter leur appartement et pourrait demander la fermeture de la structure puisqu’en Chine il faut demander l’autorisation pour une grossesse.

Kimi m’explique aussi que la maison vit depuis huit ans grâce aux dons reçus uniquement. Lorsque Kimi a commencé cet accueil, elle n’avait de l’argent que pour accueillir une ou deux mamans pendant un an. Depuis huit ans, 7-8 maman sont accueillies chaque année. Elles n’ont pas de ressources pour leur logement, ni pour la nourriture, ni les frais médicaux etc. Ce sont donc les dons reçus qui subviennent à tous leurs besoins. Je n’ai rencontré que Kimi et les mamans ce jour-là. Elle m’a dit qu’actuellement elle est épaulée par deux ou trois autres personnes. Les mamans participent aussi à la confection de bijoux qui sont vendus pour subvenir à leurs besoins.

Après avoir partagé le dîner avec elles, j’ai été raccompagnée par Mei l’arrêt du bus.

Cette rencontre avec une colocation de femmes enceintes à des kilomètres de nous m’a beaucoup enthousiasmée! C’est si différent culturellement et tellement loin géographiquement et pourtant le but reste le même : aider des femmes enceintes à accueillir -malgré les difficultés- le bébé qu’elles attendent. »

Jeanne


*Article d’Isabelle Attané « La fin de l’enfant unique en Chine ? » publié par l’Ined dans le numéro 535, juillet/août 2016 http://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/25480/535.population.societes.2016.juillet.fin.enfant.unique.chine.fr.pdf